Condition humaine
L'espoir
il existe des prisons sans barreaux,
Il est des maisons qui sont des cachots,
On s'y cogne à des murs invisibles,
Qu'on escalade lors de rêves impossibles.
Parfois, on se croit libre: une illusion,
Le temps coule vite, on est en détention,
Déjà vingt ans que dure la réclusion,
On prend "perpète" sans y faire attention.
Les ailes coupées, on attend , on espère,
Un avenir qui exauce nos prières,
Vite! Avant que la mort nous mette en bière,
Que l'on vive! Que l'on soit libre comme la mer!
Juste quelques années de pure douceur,
Choisir sa vie et ne plus avoir peur,
Décider et assumer seul ses choix,
Aimer sans se retenir, être soi .
L'incertitude
Le problème jamais résolu,
La question toujours en suspens,
La mort pour seule issue,
Ou un ailleurs pour nous, ignorants.
Eternel tourment intérieur,
Tous ceux qui partent loin,
Emportent avec eux le secret dans leur coeur,
Et comme certitude ne nous laissent rien.
Quelle vie bête parfois plonge dans le néant,
A jamais trop courte, tronquée, inachevée,
Quelle absurdité cet abîme pour les vivants,
Alors qu'une petite lueur, même faible, rend plus gai.
Y croire, juste pour tromper le désespoir,
Sans beaucoup d'illusions, se dire que peut être,
Rien ne finit, et que de l'autre côté du miroir,
On pourra goûter au bonheur de renaître,
Peut être ...
L'emprise et le rêve
Il y a des choses qui ne se disent, ni ne s'écrivent,
Auxquelles il ne faut ni penser, ni rêver,
Inavouables et pourtant tellement présentes,
Si palpables au plus profond de l'âme,
Qu'elles habitent, à chaque instant de calme,
De relachement, de silence, où la pensée s'envole,
Où la solitude permet cette totale liberté,
D'imaginer possible l'impossible, et réel l'irréel.
C'est comme une échappée d'air pour ne pas étouffer,
Une envolée brève où tout est permis un instant,
C'est juste pour survivre et ne pas sombrer à jamais,
L'indispensable évasion qui dit que tout n'est pas perdu.
Car il est des prisons invisibles et sans barreaux,
Où les détenus écopent de longues et lourdes peines,
Et nul n'est besoin d'avoir commis une quelconque faute,
Pour se retrouver enfermé à perpétuité, reclus dans un cachot.
Parfois même, l'esprit humain est ainsi constitué,
Que pour se protéger de la souffrance inévitable,
Rien ne vient avertir la conscience de la réalité,
Et ainsi, certains prisonniers le sont à leur insu,
Des années durant, sans aucune lucidité, aveugles
Et sourds, se trompant sur leur propre condition,
Ils se croient libres et maîtres de leur destin,
Alors qu'ils ne sont que des pantins, pitoyables et tristes.
Peut être l'ignorance est-elle préférable au tourment,
Comme les animaux qui ne savent rien d'eux et s'en moquent.
En tant qu'être humain mammifère et pensant,
Je ne sais pas, moi, voiler mes yeux et museler mon esprit,
Peut être est-ce un tort, un défaut, une faille,
Mais il me faut bien faire et vivre avec, bon gré mal gré,
Et même si l'insouciance et la légèreté s'envolent parfois,
Je préfère rêver plutôt que me taire, et tant pis, souffrir plutôt que subir.