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écrire pour survivre
17 décembre 2014

panne?

Depuis quelque temps, depuis longtemps en fait , je m'interroge sur ma baisse de désir pour la chose avec mon compagnon . Je suis très heureuse de l'avoir rencontré et je souhaite le "conserver" mais voilà. je n'ai pratiquement plus jamais envie de lui, et nos relations me semblent ennuyeuses. Certes, je suis fatiguée, avec un emploi du temps bien rempli et une tête bien remplie aussi de préoccupations diverses mais il n'y a pas que cela . certes, mon ami aime par dessus tout "coïter" et considère sans doute que cet acte est le but ultime, le nirvana à atteindre, le graal , ce qui est sûrement vrai pour lui , mais en aucun cas pour moi. Le coït me saoule. Après pouf ! y a plus rien, finito, monsieur considère que le rideau est tiré. Et moi je m'emmerde. Moi j'aime bien mieux tout le reste , les caresses, les papouilles, les bisous et ma zone de plaisir s'étend bien au delà de l'endroit étriqué que l'homme s'obstine à visiter avec frénésie quand il est excité... Tout mon corps entre en jeu, et les gratouillis sur le dos, les massages de la tête ou autres réjouissances me donnent plus de plaisir que bien des coïts ... Bref, mon désir est aux abonnés absents . Bien que ça ne me pose pas de problème particulier, je me pose bien des questions pour en comprendre l'origine. Et je me suis rendu compte d'une chose que je considère comme very importante : j'ai toujours fait tout comme ma maman, j'ai vécu comme elle, travaillé comme elle , dans le même milieu avec le même boulot, j'ai eu un schéma de vie quasi identique . Or, maman a subi un deuil épouvantable , quand elle a perdu brutalement son mari, toute jeune, assassiné dans un guet-apens par des terroristes assoiffés de sang . suite à ce drame, elle ne s'est plus jamais accordé le droit d'être heureuse, portant par là-même un deuil perpétuel, incapable qu'elle était de supporter et de surmonter un tel drame. on la comprend. Alors moi quid ?

Je n'ai rien vécu de tel mais il y a des choses que me sont insupportables : les massacres, les viols de femmes, les assassinats d'enfants , le terrorisme, les meurtres aveugles , gratuits, la cruauté,la pédophilie, la terreur,le fanatisme. dés que j'en apprend la nouvelle , et dieu sait s il y en a , je fond en larmes, c'est pour moi insupportable . Je me sens impuissante, le monde me parait si cruel, si moche . je suis incapable d'accepter cela , ça me mine . Peut être qu'alors je ne m'accorde pas le droit au plaisir,à la détente, à l'abandon,  comme maman ne s'accordait pas le droit au bonheur , quand tant d' innocents souffrent et meurent et que je ne fais rien pour empêcher cela , et que je ne peux rien faire . peut être que j'applique ici le même processus d'autopunition , pour un crime que je n'ai pas commis mais dont je n'arrive pas a faire le deuil .Peut être que n'ayant pas connu moi-même de drame proche, je "profite" des drames si nombreux et si courants dans le monde entier, et dont les infos nous inondent, pour activer le même procédé qui vise à m'empêcher de goûter au plaisir.

Peut-être que , comme maman, je me sens coupable, coupable d'être heureuse alors que d'autres vivent l'enfer. je sais que j'ai trop d'empathie et que ma souffrance accumulée à tant de souffrance humaine ne sert à rien, elle n'aide personne, mais je n'arrive pas à m'en défaire. Lire le récit de massacre ou de tortures infligées à un être sans défense m'est quasi impossible, c'est au dessus de mes forces. Je peux me trouver dans la rue, en compagnie d'autres personnes, au travail, rien n'y fait, il me faudra fournir des énormes efforts pour ne pas éclater en sanglots , je vis dans mes tripes la souffrance des autres , elle m'atteint en plein coeur, et je pleure sur tant de douleur de mes soeurs, de tous ses enfants qui ne grandiront jamais , ou qui le feront traumatisés, et abîmés, déjà , par la connerie humaine. Tant de malheur me bouleverse , je sais que le mal existe , qu'il se trouve en chaque être humain, et qu'il peut exploser ou non . Il s'épanouit tristement hélas chez tellement de gens que cela me désespère.

Il y a eu diverses époques dans l'histoire de l'humanité, et j'ai pensé durant une période de ma vie bien naïvement que nous étions sortis de l'obscurantisme, l'ignorance, le chaos, la barbarie, que tout cela appartenait à des temps révolus, l'inquisition, le moyen-âge, l'antiquité .... Quelle bêtise! Et quelle arrogance de nous croire plus civilisés que les peuples passés, jugés arriérés, ignorants et cruels. Nous sommes pareils !! Seules les techniques évoluent. Nous, nous restons arriérés, ignorants, butés et cruels . Toutes les époques passées ont eu à la fois leurs cruautés et leurs grandeurs . Exactement comme nous.

Et moi je me sens obligée de souffrir aussi, comme les autres, comme maman. Comment pourrais-je me laisser aller à profiter d'un moment de détente, d'oubli, de plaisir ? et en plus grâce à un acte qui peut être à la fois le paradis et l'enfer. Le paradis losqu'il est partagé entre deux adultes consentants . L'enfer lorsqu'il devient l'instrument de torture de bien des bourreaux. Le moyen d'humilier, de réduire, d'anéantir l'autre dans ce qu'il a de plus précieux, son intimité et sa dignité. Une arme des plus cruelles car une arme qui tue longtemps après avoir servi. Une arme qui tue toute flamme, toute vie future. Puisque des dizaines d'années après , ceux et celles qui en ont réchappé restent traumatisés et blessés, souvent incapables de  mener une vie épanouissante. L'acte d'amour, lorsqu'il est détourné , devient acte de cruauté et ça , ceux qui sèment la terreur de part le monde l'ont bien compris !

Alors moi, pendant cet acte d'amour, mon oubli n'est pas assez profond pour que mon esprit cesse de penser à tout cela et je n'arrive pas à en profiter, tant de fantômes viennent me hanter et me tirer par l'oreille en me murmurant:

" Dis, pendant que tu te détends, penses-tu à nous qui ne nous détendrons jamais ? Nous qui sommes morts avant d'avoir vécu, nous qui n'avons pas eu ta chance ? Qu'as tu fait pour nous ? As tu essayé de nous sauver? Tu vis ta petite vie bien égoïstement, pendant que nous crevons dans ton indifférence. Nous hurlons pendant que tu soupires, nous rendons l'âme ( enfin! c'est un soulagement, la mort est plus douce que l'enfer de notre vie) pendant que tu souris. Comment peux tu continuer à rire, à jouir, en sachant tout ce que tu sais ?"

Oui, effectivement, trop savoir n'est pas toujours un bien. Comment font ceux qui rigolent tout le temps, les optimistes, les vrais ? car moi je suis une fausse. Moi aussi je rigole souvent, mais c'est une façade, à l'intérieur je pleure.

Je ne veux pas imiter mon papa, qui pour fuir cette vie de tristesse, a choisi la maladie de l'oubli. enfin pas consciemment , hein, faut pas pousser, il ne s'est pas provoqué lui-même son alzheimer mais tout de même , ça lui a permis de décoller de ce monde médiocre. C'est sans doute le seul "avantage " de cette horreur de maladie . 

Mais merde, je ne veux pas oublier, fuir, me voiler la face et les yeux et les oreilles . Non, pas question, le vrai courage c'est de vivre, de regarder les faits, la vérité en face et de se dire:

" Oui le mal existe. Oui des tas de gens souffrent à cause de la bêtise et de l'intolérance d'autres gens. Oui je le sais . Et oui je ne peux rien faire, avec mes petits bras pour empêcher cela. Et oui cela me fait souffrir de le savoir et de me voir impuissante. Oui Oui et OUi . Mais ............................... Non , ma propre souffrance ne sert à rien et rajouter de la souffrance à la souffrance ne fera pas avancer le schmilblick. Et oui je suis hyper empathique et hyper sensible et oui je peux pleurer dans la rue sur la souffrance d'un enfant. Et Non je ne suis pas responsable de la cruauté des autres . Et non je n'ai pas à me sentir coupable d'avoir du bonheur et du plaisir dans ma vie . Au contraire même, mon bonheur et mon plaisir sont des ondes positives sur cette terre , qui peut être , additionnées aux autres ondes positives contrebalanceront le mal qui règne. Mon bonheur et mon plaisir ne sont pas une gifle ni un affront envers ceux qui souffrent et en sont privés , mais au contraire une preuve que le bonheur existe et que le plaisir est possible, malgré le mal, malgré tout."

Je me suis souvent dit que si le mari de maman, qui avait l'air d'être un homme actif, sportif, qui aimait la vie et savait en profiter et que s'il avait pu lui parler après sa mort, il lui aurait dit :

"Mais qu'est-ce que tu fabriques ? tu crois que c'est me rendre hommage que de te morfondre et de vivre dans la tristesse, le masochisme et le passé? Tu crois que c'est ainsi que j'aurais voulu que tu vives, et que tu élèves notre fille? Allons, tu m'as connu, je n'étais pas comme ça alors si tu veux honorer ma mémoire, essaye de vivre comme moi j'aimais vivre, dans le mouvement, la gai té, en profitant de chaque instant, en riant, en bougeant, en étant heureuse et en rayonnant de bonheur pour pouvoir en faire aussi profiter les autres . Pleurer ça va bien 5 mn, mais là, après 56 ans , tu y vas un peu fort ! il serait plus que temps que tu te mettes à vivre !!!!!!!!"

Bon, maman est un peu un cas indécrottable, car elle a pris l'habitude du masochisme, et 56 ans , ça fait long long long pour changer radicalement.

Mais moi, je peux évoluer vers plus de positif, et changer mes mauvaises habitudes . Je ne sais plus qui a dit que "souffrir n'est rien qu'une mauvaise habitude". C'est vrai . Mais les us et coutumes sont très difficiles à modifier, c'est comme inscrit en nous, et changer le programme de fonctionnement n'est pas facile.

Je crois que la prochaine fois que je ferai l'amour je vais me motiver en me disant que ma faculté à prendre du plaisir, mon abandon , ma joie , sont comme des preuves qu'on peut se relever de tout, renaître de ses cendres et profiter de la vie, même quand on a souffert, et même en souffrant sachant tout ce qu'endurent les autres. Ce seront mes pieds de nez au mal ambiant, comme ces gens qui postent des joyeuses nouvelles là où d'autres s'évertuent à nous miner le moraL. Comme ces personnes qui font des trucs qui ne servent à rien mais embellissent le monde et font rire les enfants et sourire les grands, ceux qui chantent dans la rue, ceux qui peignent sur les trottoirs, ceux qui jonglent, tous les artistes qui font du beau, du rigolo, du joyeux, tous les artisans du sourire, tous ceux qui font du bien. Mon plaisir sera ma contribution au bien dans le monde, car le bien que je me fais à moi, sans faire aucun  mal à personne,   participe au bien commun.

artiste de rue1

artiste de rue2

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  • Mon expérience, mon aventure... textes et photos de l'auteure, à part les plus anciennes , jusqu'à ce que je réalise que j'avais envie d'illustrer mes écrits avec mes propres clichés. Je m'appelle Solemum car Soledad était déjà pris...
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