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écrire pour survivre
2 janvier 2016

Non-vie

Je crois que je préfère  l'excitation  à l'acte lui-même,  le désir au plaisir,  imaginer plutôt que faire. C'est étrange, j'ai l'impression d'être une allumeuse en toute chose. J'aime séduire, voir l'étincelle dans le regard d'un homme , sans pour autant aller plus loin . Faire l'amour rarement ne me frustre pas.  N'avoir personne à mes côtés pour être le témoin de ma pauvre vie,  ça  ça me manque. Un garde-folle, un attrape-cauchemar.   Un compagnon, un ami, un confident.  Un équipier, un supporter, un admirateur qui m'aime comme je suis ,  sans fard,  sans masque, avec un  réservoir insondable de patience.  Un original,  un  aventurier,  qui n'a peur de rien et qui ose tout., qui m'entraîne  dans ses délires et m'empêche de m'enliser dans le marécage de ma peur. Ca , j'en ai besoin . 

Je suis comme ces hommes, que la vue d'une jolie femme embellie de vêtements sexy rend fous mais qui resteraient de marbre devant la même , entièrement nue . Suggérer plutôt que montrer . Fantasmer plutôt que réaliser . procrastinateurs de l'amour .

J'ai toujours fonctionné ainsi, grande réveuse devant l'Eternel. Ma vie onirique est bien plus riche que la réelle .Ma liberté est dans ma tête . Bien sûr, j'ai envié ceux qui osent, ceux qui se lancent, les casses-cous, ceux qui se cognent à la vie, ceux qui se prennent des bonnes bûches car ils vivent intensément. Il est étonnant de constater que je ne me suis jamais rien cassé pendant toute mon enfance, rien, pas même un petit doigt. 

Mes parents m'ont surprotégée, pour ne pas risquer l'incident voire l'accident que leur imagination paranoïaque échaffaudait avant même le moindre petit pas . Ils m'ont élevée dans du coton, sous une cloche en verre, et pour être surs qu'il ne m'arriverait jamais rien de fâcheux, ils m'ont littéralement empéchée de sortir de la maison. Soit ils m'accompagnaient partout, et je n'étais jamais seule . Soit ils m'interdisaient telle activité et me "vissaient" à ma chaise . mais la plupart du temps , ils n'avaient nul besoin d'ériger des barrières tant leur paranoïa était contagieuse. il suffisait qu'ils s'expriment, déversant sur moi des litres de catastrophes potentielles et de peurs irrationnelles . J'étais une éponge, je m'imbibais de leurs délires, de leurs tragédies, de leur sélection naturelle à ne voir toujours que le verre à moitié vide et prêt à tomber ou exploser en mille éclats, perforant par la même occasion mes carotides . Je finissais par voir le mal partout et par avoir peur de tout , avant même de l'avoir fait . C'était paralysant , inhibant, pétrifiant. Et ils ont parfaitement réussi leur éducation protectrice et débilitante car il ne m'est jamais rien arrivé, ni de fâcheux, ni d'heureux, rien, le désert, le vide sidéral, la solitude et l'ennui le plus total. J'étais morte avant d'avoir commencé à vivre. 

Alors je pense qu'il vaut mieux s'être esquinté les genoux contre les cailloux rugueux de la vie car au moins on peut se dire qu'on a vécu. 

vie

Qui aurais-je été si ma vraie personnalité naturelle avait été laissée libre de s'exprimer? Si on ne m'avait pas muselée et mise sous 15 kms de rembourrage? Je ne sais pas vraiment qui j'aurais été et ce que j'aurais fait de ma vie. C'est un grand mystère. J'aime à penser que j'aurais été plus audacieuse, que j'aurais fait plus de musique, que j'aurais quitté un jour le piano pour d'autres instruments plus festifs, un groupe, pour chanter. J'aime à imaginer que j'aurais insisté pour faire de la danse car cela m'a toujours tentée et terriblement frustrée . J'avais la bougeotte, cela , je le sais , c'est en moi. J'aurais voulu tenter mille choses, ne pas me cantonner, essayer , changer, rebondir, m'aventurer . En fait je crois que j'étais le contraire de ce que mes parents ont fait de moi. Peut être même est-ce pour cette raison qu'ils ont à ce point été tatillons et aussi "rabat-vie" avec moi car ils devaient sentir que j'étais un volcan à l'intérieur, alors ils ont préféré mettre un gros couvercle hermétique pour éviter l'explosion. 

Soit . De toute façon, je ne peux ni revivre mon passé, ni savoir vraiment qui j'aurais vraiment été, je ne peux que supposer. Mais ce que je constate c'est que leur éducation s'est imprégnée en moi. Ils ne sont plus là pour m'empécher de vivre et pourtant je n'ai pas besoin d'eux pour les imiter, je me débrouille très bien toute seule . J'ai appris, intégré leur enseignement et toute seule, je me mets des barrières, je m'auto-censure, je dépose sur ma tête d'énormes couvercles aussi lourds que des tombeaux . Pour leur échapper, à 22 ans j'ai épousé Raoul, me jetant directement dans la gueule du loup . Ayant juste remplacé la peste par le choléra, j'ai gentiment continué leur éducation en l'appliquant à la lettre dans ma vie adulte. Et même des années plus tard, délivrée de Raoul, je l'ai remplacé par un autre tout aussi toxique . Et même ensuite, une fois seule, et plus mal accompagnée, j'ai toujours de la difficulté à me laisser vivre ma vie, en paix, librement , sans me mettre des bâtons dans les roues,sans me créer de toutes pièces mes propres entraves. Incroyable comme l'éducation s'est enkystée en moi , comme elle me colle aux basques . 

Est-ce pour cette raison que je préfère rêver plutôt que vivre ? Surement . Alors que la vie c'est autre chose, la vie c'est prendre des risques, mouiller le maillot, transpirer, se prendre des claques (ça , c'est fait ...). La vie c'est se brûler les ailes à force de viser le soleil, la vie c'est récolter des cicatrices parce qu'on se jette à corps perdu en elle et que des fois elle nous fait mal. Etre vivant c'est être debout, s'exposer, être devant. C'est parler, rire chanter, crier, pleurer, c'est vibrer, c'est s'exprimer. La vie c'est beau et moche, propre et sale, doux et dur, joie et souffrance, yin et yang, vie et mort. Vivre c'est accepter sa condition d'humain mortel mais libre. Vivre c'est aimer. Vivre c'est se donner à fond, vivre c'est agir . Vivre c'est vouloir utiliser toute la palette des possibilités de l'être humain, sans en négliger aucune, parcequ'une vie est un court instant entre deux néants, parce que le temps passe extrêmement vite , et parce que nous le savons . 

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Commentaires
D
La non vie c'est de ne pas penser. C'est regarder une émission débile sans se dire " ça c'est vraiment débile" et sans pour autant s'empêcher de regarder. C'est se complaire et se vautrer dans l'auto satisfaction. C'est l'inhumanité et l'indifférence. C'est une existence sans rêves et sans cauchemars, repue et contentée, sans chimères. C'est : ne pas écrire ce que vous écrivez.<br /> <br /> Continuez à écrire. .. enfin... s'il vous plait...<br /> <br /> Merci.
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  • Mon expérience, mon aventure... textes et photos de l'auteure, à part les plus anciennes , jusqu'à ce que je réalise que j'avais envie d'illustrer mes écrits avec mes propres clichés. Je m'appelle Solemum car Soledad était déjà pris...
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