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écrire pour survivre
30 mai 2014

les prénoms

On m'a donné trois prénoms.

Le premier, celui qui est le mien , est le nom d'un oncle, assassiné juste devant le pas de sa porte, et tombé dans les bras de sa femme, pendant la guerre d'Algérie. Je porte donc le nom d'un ancêtre , mort dans des circonstances particulièrement tragiques. Je porte le nom d'un homme mort, nom que l'on a juste féminisé avec un E à la fin, sans même se donner la peine de doubler le L, non, juste un E et un accent grave . Oui grave, sérieux, et comment ne pourrait -on pas l'être avec de telles tristes circonstances?Ce        prénom, ce n'est pas moi , c'est quelqu'un d'autre dont je suis censée honorer la mémoire en portant son prénom. 

Le deuxième est juste celui de mon père, à peine féminisé avec un E à la fin. Donc je porte le prénom de mon ancètre le plus proche      puisqu'il est mon géniteur , celui qui m'a permis de naitre au monde, celui à qui je dois une reconnaissance éternelle donc. Quel poids sur mes épaules !

Le troisième est le prénom que ma mère aurait aimé me donner, le même que celui qu'elle aurait aimé donner à ma soeur (quelle originalité !) sans jamais parvenir à le faire. mais c'est aussi celui de quelqu'un de la famille encore, une cousine qu'elle affectionnait particulièrement et , à mon sens qu'elle enviait plus précisément, puisqu'elle lui était, selon ses critères, supérieure, plus belle (ça se discute), plus fortunée (indiscutable), avec une vie plus brillante (hummm...) 

Donc me voilà avec trois prénoms qui ne me définissent en rien, qui ne sont pas à moi, qui ne sont pas moi, qui m'enferment dans le carcan de l'hérédité, de la famille ascendante qui ont un grand ascendant sur moi, et avec les deux premiers, dont le principal, qui sont masculins . Je suis censée être un homme, forte comme un homme, sans aucune place pour ma féminité , ma personnalité, mon moi à moi. Aucune place pour la liberté, le choix, l'originalité , la créativité, la joie . Juste l'hérédité, le devoir familial, la dépersonnalisation, la masculinisation.

Je réfléchis à quel pourrait être un prénom que je choisirais moi-même, qui serait doux, beau, caressant, féminin, joyeux, optimiste, et qui serait ma création. Je ne l'ai pas encore trouvé, mais un jour, il m'apparaitra comme une évidence . En attendant, j'ai raccourci le mien et je cherche.

images

 

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  • Mon expérience, mon aventure... textes et photos de l'auteure, à part les plus anciennes , jusqu'à ce que je réalise que j'avais envie d'illustrer mes écrits avec mes propres clichés. Je m'appelle Solemum car Soledad était déjà pris...
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