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écrire pour survivre
12 octobre 2016

Mom

 

Maman 

 

Je voudrais te dire tant de choses

Tous ces petits riens qui sont tout

Tout ce que j'ai toujours enfoui au fond de moi 

 

Pour être lisse à l'extérieur, sans histoire, sans problème,

Pour ne pas te fatiguer , pour passer inaperçue et raser les murs,

Pour que tu sois contente, pour que tu cesses de serrer les dents, 

Pour que tu souris , pour que tu me dises oui, pour que tu joues, pour que tu me parles,

Pour que tu m'écoutes, pour que tu sois heureuse de m'avoir pour fille, 

Pour que tu perdes du temps en le consacrant enfin à l'essentiel 

Pour que tu prennes du plaisir à être maman , pour atteindre cette utopie,

Pour vivre au pays imaginaire des bisounours 

Pour que mon enfance soit une fête, pour que la vie soit belle 

Ou juste pour que tu ne cesses pas de m'aimer 

 

Retenir ton affection qui me semblait si ténue et apaiser ton équilibre si fragile, 

Je ne prétends pas connaitre les méandres de ton âme tourmentée 

Je ne veux pas non plus commettre l'erreur de faire peser sur toi la responsabilité de mes choix de vie 

 

Je veux juste te parler, me dire, sans fard ni grimace, sans plus faire semblant d'aller bien 

Sans plus sourire quand j'ai envie de pleurer, sans plus acquiescer quand je suis tentée de hurler 

 

J'envie et j'admire ma grande soeur qui avait le courage d'exprimer sa colère 

Moi , je me taisais, je ravalais tous mes mots et tous mes maux 

J'apprenais que pour survivre, il me fallait nier mes propres émotions

Il me fallait me conformer aux désirs névrotiques de toi, maman 

Même si , pour atteindre ce but, je me déformais 

Surtout pas de vagues, une mer d'huile , qui dit oui sans cesse, ne contredit jamais 

Pour ne pas suffoquer une mère asphyxiée par son mal-être 

 

Le prix de l'amour maternel est un crédit à un taux démesuré 

On ne cesse jamais vraiment de le payer, encore et encore , 

Au mépris de sa propre vérité, sa propre identité, 

Ma survie d'alors a engendré ma névrose actuelle  

 

Se nier et se taire, équivaut à se tuer à petit feu 

 

Mes problèmes à moi n'intêressaient personne 

Mes tourments à moi, n'existaient pas en pleine lumière

Pourtant ils grossissaient dans l'ombre 

Tels des monstres tapis dans un placard 

 

J'ai avalé pour me consoler, seule et révant un avenir idéalisé

La nourriture est devenue mon refuge et ma deuxième maman 

Celle qui était disponible et qui , par tous les temps, m'accueillait 

Pour me cajôler entre ses bras, et atténuer mes douleurs 

Auprès d'elle, je pouvais enfin être moi-même, 

Pleurer quand j'étais triste, rager dans je fulminais

C'était mon seul espace de liberté, enfermé entre quatre murs 

Elle seule, ne me jugeait pas, avec elle, je n'avais pas besoin de me conformer 

Ni de rentrer dans un rang où je m'étouffais, ni de nier ma propre identité 

 

Mais elle a aussi ses propres limites , elle ne dit rien , et au final, elle aussi fait du mal 

Elle est tout aussi insidieuse que l'amour toxique d'une mère dépressomasochiste 

Elle est un leurre, une consolation qui ne dure pas, parce qu'elle n'est pas adaptée au problème 

Et elle devient au fur et à mesure un méfait pour la santé du corps et de l'esprit 

 

Parce que tout ce dont j'avais besoin hier c'était de ressentir que tu m'aimais de façon inconditionnelle 

Même si j'étais moi-même, avec mes idées, mes émotions, mes sentiments différents des tiens 

Même si je pouvais ne pas te plaire, j'avais besoin d'être assurée de ton amour et de ton soutien 

 

Au lieu de vivre dans l'insécurité et la précarité des sentiments  

M'enchainant au rôle de composition que j'avais décidé de jouer  

 

Je renferme un réservoir de colère en moi , contre toi, contre ta névrose, 

Contre ce couple que tu as formé avec papa, chacun entrainant l'autre dans votre spirale malsaine 

Et m'incluant volontairement au milieu de vos dysfonctionnements d'adultes 

Ce n'était pas juste , quelles qu'aient été vos intenses souffrances, de me les faire subir 

Je n'étais qu'une enfant qui voulait vivre et être heureuse, je n'étais pour rien dans tout ça 

Je vous en veux à tous les deux pour votre toxicité et pour  la douleur que cela a engendrée chez moi

 

Vous n'êtes pas les seuls responsables, il y a aussi mes propres choix, j'en suis la seule décideuse 

Il m'a manqué un "coach" proche de moi pour m'entrainer dans une rébellion salutaire 

Mais j'étais la dernière, isolée, trop petite, trop jeune, trop seule, pas assez audacieuse 

 

Et puis peut être aussi suis-je trop sensible, trop exigeante , avec un trop fort besoin d'amour 

Qui sait ? 

Je suis sûrement trop tout . 

 

Dans tous les cas, et quoi qu'il en soit

Je t'aime Maman. 

 

 

IMG_20150715_124408

 

Embarquement pour l'enfance non idéale, imparfaite, brinquebalante, précieuse . 

On aurait pu avoir eu bien mieux mais on n'a eu que ça 

On aurait pu avoir eu bien pire !

Soyons résilients , pas affligés . 

 

 

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  • Mon expérience, mon aventure... textes et photos de l'auteure, à part les plus anciennes , jusqu'à ce que je réalise que j'avais envie d'illustrer mes écrits avec mes propres clichés. Je m'appelle Solemum car Soledad était déjà pris...
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