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écrire pour survivre
13 août 2016

Le prix de l'amour

Quand je m'ennuie, je mange .

J'ai lu que si on faisait cela , c'est parce qu'on voulait éviter de penser, on voulait éloigner des pensées douloureuses qui nous perturbent .

On peut aussi faire cela quand on est déprimé . Mais je ne suis pas déprimée en ce moment. 

Ce comportement qui consiste à manger en cas d'ennui, je le pratique depuis très longtemps. Cela remonte à mon adolescence où la nourriture m'a consolée, aidée et sauvée . 

Alors, je me pose la question:Quelles sont ces pensées douloureuses que je veux absolument éviter? Depuis si longtemps ? 

j'ai lu que si on prenait le temps de se pencher sur ces pensées pour les faire ressurgir, on pourrait les rendre moins douloureuses . 

C'est une tentante solution . 

Mais alors , quelles sont-elles mes pensées douloureuses, insupportables, que je fuis depuis mon adolescence? 

Je n'en sais rien . J'ai l'impression de me tenir devant un gouffre sans fond, juste au bord, si je fais un pas, je tombe, mais si je ne bouge pas, je n'avancerai jamais . 

Après toutes ces années, il faut que je bouge, que je tombe dans le gouffre qui a forcément un fond, que je le touche et que je trouve la force de donner un grand coup de pied pour remonter tout en haut . Voilà ce qu'il faut que je fasse. Malgré ma peur panique . 

Mon adolescence, j'en ai déjà parlé et je peux la synthétiser en quelques mots : solitude, silence, dépression, tristesse, désespoir, isolement, négation de soi . Et comment je percevais le monde proche qui m'entourait , alias mes parents et mon foyer : incompréhension, incommunication, dépression, névroses, manipulation, toxicité, tension. 

Bon alors quoi ? On avance ? En quoi consiste la pensée douloureuse qui me fera faire le pas numéro en qui peut me précipiter au fond de l'abîme ? 

Aucune idée et vous savez quoi? Je viens encore de dévier, de faire autre chose que plonger en moi-même . Je n'ai pas mangé mais les déviations sont multiples et possédent toutes le même pouvoir , détourner mon esprit quand je suis proche du gouffre . 

Donc j'étais proche de lui, l'idée sur le bout de la langue, ou du neurone. Pourquoi cette immense résistance? La souffrance est trop crûe pour être envisageable ou la vérité est trop moche pour être vivable ? Dans les deux cas, ça ne donne pas envie . Du tout . 

Un rapport avec ma mère? Mon père? Mon enfance? Autre chose? j'ai l'impression d'effectuer une enquête de police sur moi-même . Mais se connait-on vraiment soi-même ? Des pans entiers de ma vie me sont inconnus, à jamais : ma naissance, ma petite enfance, de nombreux moments de mon enfance, des instants plus récents . 

je vois notre mémoire comme une immense commode et tout, absolument tout reste rangé dans des tiroirs . Rien ne se perd. On croit oublier mais tout est là, quelque part. Il faut juste trouver le bon tiroir, le bon emplacement , une aiguille dans une botte de foin. 

Alors où est-il ce tiroir que j'ai relégué loin loin loin , tout au fond, dans la poussière et les chauves-souris, pour que jamais personne ne le trouve? 

Et surtout, qu'y-a-t-il dedans ?????

Quelles sont mes pensées douloureuses "standards"?  Liste :

-Ma mère n'aimait pas mon père et ne m'aimait pas car je suis la fille de mon père 

Elle préférait ma soeur, fille du "bon" père . 

-Elle a nié tout ce qui pouvait venir de moi :

mes idées (mauvaises forcément, encore aujourd'hui...),

mes sensations (fausses),

mes désirs (mauvais, idiots, dangereux ),

mes sentiments (pas de câlins, pas d'effusion, pas de contact tactile ),

mes symptômes (je n'avais pas "le droit" d'être malade, de tousser etc , car ça l'emmerdait ),

mes opinions (soit elles vont dans le même sens que les siennes, soit....ce n'est même pas la peine d'y penser, car "je la fais passer pour une idiote" en la contredisant

mes réactions spontanées (mon rire, pas assez discret, mes colères, inexprimables, ma fierté, intolérable)

mes paroles (d'ailleurs, j'ai un problème d'expression orale, je n'y arrive pas, je bafouille, je perds mes mots, je rougis )

mon être profond et ce qui fait que je suis moi et pas une autre : mon identité, ma personnalité 

 

En fait , ma mère ne me connait pas, elle ne sait pas qui je suis . Elle voulait un perroquet soumis à sa volonté et c'est ce qu'elle a eu. J'ai enfoui et tu tout ce qui me constituait moi . 

-Ma mère ne voulait pas qu'éclose mon identité, ma personnalité. Elle a préféré me façonner, à grands coups de rabots, pour que je n'entrâve pas le cours délirant de sa propre pauvre vie . 

Et c'est ce qui s'est produit . Je me suis effacée, gommée, écrasée, pour satisfaire son désir, pour me la mettre dans la poche et surtout, surtout, ne pas risquer de perdre le peu d'affection qu'elle pouvait me témoigner et dont j'avais cruellement besoin . 

Bon, ça c'est mon histoire, un peu navrante mais bon , j'ai survécu et je vais bien . Alors quoi? 

L'idée douloureuse numéro one pourrait être :

- Ma peur de perdre l'affection de quelqu'un, ce qui me semble indispensable à ma survie (ça l'était non ? , j'étais une enfant !),ma peur, donc, m'a fait commettre un crime sur moi-même, celui de m'effacer, de me nier, comme si moi, je n'existais pas, comme si ce qui me constitue, mes pensées, mes envies, mes choix, mes sentiments, mes sensations, mes idées, c'était de la merde, bonne à mettre à la poubelle , comme si rien de bon ne pouvait sortir de moi . 

Je me déteste d'avoir été aussi faible, aussi lâche, aussi servile . Je vaux plus que les cacahuètes qu'elles aurait pu me lancer . Et son amour bancal et toxique ne valait pas le coup que je me tue ainsi. 

J'ai agi comme mon père que j'avais envie de secouer car il abandonnait toute dignité devant ma mère pour devenir son esclave, sa serpillère, son sac de frappe (au figuré), son défouloir . 

Je le trouvais faible , soumis . Et j'ai fait la même chose !!!!!! 

Je bouillais intérieurement mais qui me dit que lui ne bouillait pas de même ? 

L'idée douloureuse numéro one c'est la conscience de ma lâcheté, de mon absence totale de courage, de dignité, d'estime de moi . 

Ma peur a été plus forte que l'amour pour moi-même . Elle l'a emporté sur le respect que je me dois à moi-même . 

Et cela m'est intolérable. 

Parce qu'aujourd'hui encore, je ne suis pas sûre de le valoir . Tellement cette idée débile est ancrée en moi. L'idée que je ne vaux rien, je suis insignifiante, je ne compte pas, je compte pour du beurre, je me trompe forcément et il ne faut pas m'écouter, il vaut mieux suivre les conseils des autres, qui eux savent , et eux, sont plus avisés que moi. 

Merde à la fin. La vie m'a permis de naître en ce monde, de respirer, de vivre, de penser, donc je lui dois le respect de moi-même et je lui dois de m'occuper de moi-même avec précaution et amour .

J'ai payé le prix fort pour avoir le droit d'avoir un peu d'amour délétère et même pas épanouissant . Je ne le regrette pas car je n'avais pas d'autres options possibles, j'étais une enfant , c'était une question de survie psychique .

Aujourd'hui j'ai d'autres options.

 

La question est de savoir quel prix suis-je prête à payer pour un peu d'amour , en tout cas pas ce prix-là, je ne ferai pas le sacrifice de moi-même pour un peu d'amour . Je préfère être seule mais rester entière.  

Ce sera tout, pour le moment. 

J'ai besoin de m'aérer. 

 

IMG_20140721_191656

Juste parce que je trouve que c'est beau; 

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  • Mon expérience, mon aventure... textes et photos de l'auteure, à part les plus anciennes , jusqu'à ce que je réalise que j'avais envie d'illustrer mes écrits avec mes propres clichés. Je m'appelle Solemum car Soledad était déjà pris...
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