maudite sois-je

Ma souffrance, cela fait 22 ans que je la cache, que je l'ignore, que je tente de la duper, de la masquer, de l'étouffer. Mais elle grossit de plus en plus, elle m'envahit et elle déborde de partout. Pourquoi je m'interdis d'y mettre fin? Pourquoi m'imposer cet exil qui me ronge? Pourquoi vivre encore loin de mon pays , de ma mer, de la chaleur, du soleil, de tout ce que j'aime ? Pourquoi? Pour que mes enfants vivent près de leurs pères? Pour que mes enfants terminent leurs études? Une fois que tout ceci sera accompli, quelles excuses vais-je encore trouver? Alors que mon désir profond est de rentrer, alors que ce que j'aime est là-bas. Je fais comme Maman, je m'invente des excuses pour souffrir et ne pas améliorer mon sort, je fais exactement comme elle ! Mais moi, je n'ai pas subi de deuil traumatisant, ni d'épreuves, alors je me suis inventé de la souffrance en m'imposant des exils, d'abord en Espagne, où je ressentais un intense isolement , et où je ne me suis pas autorisée à rentrer alors que j'en crevais d'envie. Puis un peu partout en France , en épousant Raoul. Il a été mon premier boulet, ma première chaîne. Ensuite il y a eu mes enfants , des chaînes adorées . Qu'est-ce que je vais encore inventer ensuite? je serai trop vieille? Trop fatiguée? plus capable de déménager? de bouger? de changer? J'ai peur de moi-même, je suis en colère contre moi-même, je ne sais pas me faire du bien, je ne sais pas me protéger, je ne sais pas me rendre heureuse .

Je veux rentrer chez moi et je n'y parviens pas.

Comments

[Solemum]

En fait , en lisant ton commentaire et en relisant mon article, je me dis que j'ai évolué . Aujourd'hui, j'habite chez moi parce que chez moi c'est ici et ma vie c'est maintenant , rien d'autre n'existe . Chez moi, c'est l'intérieur de mon coeur , je crois que je peux me sentir chez moi partout où je le décide . Voyageons léger !

[Laurent]

Article très touchant, et qui m'est hélas très familier...

J'ai déménagé souvent, espèrant que je laisserai mon mal-être loin derrière moi. Mais ça n'a jamais marché. Je ne sais pas si c'est ce que tu cherchais toi aussi dans cet "exil", mais j'espère sincérement que tes enfants t'ont aidé à dépasser cette souffrance.