vieilles angoisses
L'ennui
Ce mot, il sort du nez, il hennit
Je le hais, il est si laid
Si simple, si court, si petit,
Qu'on le croirait presque sans danger,
La lenteur et la nuisance réunies,
Deux tigresses assoiffées de vie
L'ennui étouffe tel un boa
Et vide l'existence de ses proies.
Il est si sournois dans son tourment
Qu'il tue en laissant vivant,
Il coupe les ailes, il déconnecte
Ses victimes et les transforme en spectres.
Quand il abolit toutes les envies,
Il fait pires dégâts qu'une grave maladie
Car il ôte à celui qu'il détruit
La force de guérir et le goût de la vie.
On peut être tout à fait bien portant
Et être pourtant atteint par ce mal redoutable
Qu'on appelle dépression ou mal-être indéfinissable.
Il fait souffrir avant de rendre indifférent.
Angoisses
Angoisses qui me terrassent,
Lames de fond qui m'enfoncent,
Paniques qui m'attaquent,
Peurs qui m'écoeurent.
Plus de contrôle, je décolle,
Vite, vite, je remplis ma folie,
Plus de bon-sens, c'est l'absence,
la crise, le délire, le gouffre.
Et après, je souffre, je redescend,
Je m'aplanis, je pleure, je meurs,
Fin de la crise, la déprime.
Je tâte, je constate, j'éclate.
C'est sans fin, sans issue, sans pitié,
je me vide, en larmes, le drame,
Ca me calme.
Jusqu'à quand?
Comme une vague cinglante, puissante,
Qui me laisse pantelante, pantin haletante,
Chancelante,
Comme une contraction d'émotions.
Marre de cette passion.
Désespoir, quand me noieras-tu?
Peur de la prochaine tempête.
Je veux être moi-même
Et je veux qu'on m'aime
Et que je m'aime,
Que je m'aime moi-même.